Le roman et le gothique

La Seu d'Ègara

Le roman et le gothique

Le complexe connut un nouvel essor au XIIe siècle, qui se traduisit par la construction des nefs romanes de Santa Maria et Sant Pere, ajoutées aux absides des édifices épiscopaux.

Le 2 janvier 1112, Ramon Guillem, évêque de Barcelone consacra solennellement la nouvelle église Santa Maria ; un an et demi plus tard, le document de fondation du monastère prieural fut rédigé, selon lequel l’évêque de Barcelone donnait l’église à l’abbaye provençale Saint-Ruf d’Avignon. La construction de la nef de Santa Maria et l’arrivée de la communauté augustine représenta le début d’une étape de renouveau spirituel et artistique qui durerait jusqu’à l’abandon du prieuré en 1596. 

Peintures de saint Tomas Becket
Peintures de saint Tomas Becket

C’est à cette période (c. 1180) que furent réalisées les exceptionnelles peintures murales dédiées au martyre de saint Thomas Becket, archevêque de Canterbury, et qui constituent un des témoignages les plus anciens de la représentation du martyre de l’archevêque de celles conservées de l’Occident médiéval. 

La période gothique n’introduisit aucune grande transformation dans le complexe de Sant Pere en matière d’architecture. En revanche, nous en conservons des exemples remarquables de peinture, murale comme sur bois.

L’abside de Santa Maria était entièrement peinte et il en fut ainsi jusqu’en 1937, quand les peintures murales furent arrachées. Elles furent placées sur des châssis en bois et sont aujourd’hui conservées dans les entrepôts du Musée de Terrassa. Les peintures correspondent au premier gothique et représentent le couronnement de la Vierge.

Église Santa Maria
Église Santa Maria
Corniche de la façade sud de Sant Pere
Corniche de la façade sud de Sant Pere
Corniche de la façade sud de Sant Pere
Corniche de la façade sud de Sant Pere
Santa Maria. Vierge, XIVe siècle
Santa Maria. Vierge, XIVe siècle

Des peintures murales gothiques sont également conservées dans la nef nord de l’église Sant Pere, réalisées probablement au milieu du XIVe siècle. Dans ce cas, elles représentent des scènes de la Passion du Christ et sainte Lucie entourée de deux anges.

Nous conservons de cette même période une statue en bois polychrome de la Vierge datée de la fin du XIVe siècle.

Au fil du XVe siècle, les différents autels de Sant Pere furent revêtus de retables gothiques. Le retable principal de Sant Pere fut le premier installé. Il fut commandé à Lluís Borrassà en 1411, un des peintres les plus importants du gothique international. Le Musée conserve 13 des 19 panneaux du retable. Pour ce qui est des autres, un se trouve au Fogg Art Museum de Cambridge-Massachussets (États-Unis) et représente saint Jean-Baptiste et sainte Barbara, et un autre au Musée national d’Art de Catalogne. Les quatre autres n’ont pas encore été retrouvés.

Le retable du maître-autel de Sant Miquel est une œuvre des peintres Jaume Cirera et Guillem Talarn, représentants de la fin du gothique international. Ce travail fut commencé par Cirera puis repris à sa mort et achevé par Talarn en 1450.

Toutes les scènes sont liées à saint Michel et ordonnées autour du Jugement Dernier, représenté dans le pinacle central.

Retable de Sant Miquel. Jaume Cirera et Guillem Talarn
Retable de Sant Miquel. Jaume Cirera et Guillem Talarn
Retable des saints Abdon et Sennen. Jaume Huguet
Retable des saints Abdon et Sennen. Jaume Huguet

En 1458, un nouveau retable fut commandé à Jaume Huguet pour l’autel des saints Abdon et Sennen, connus également comme saint Abdo et saint Senoux, patrons des paysans.

Huguet était déjà un des peintres les plus prestigieux de l’époque et ce retable est un des chefs-d’œuvre de la peinture gothique catalane.

L’iconographie est à double vocable. Le corps principal est dédié aux saints Abdon et Sennen et la prédelle aux saints médecins, Côme et Damien.

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