VUE et critères

Canditatura Unesco

VUE et critères

Valeur Universelle Exceptionnelle

Les propositions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial doivent se fonder sur l’éventuelle valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien en question.

L’UNESCO définit la valeur universelle exceptionnelle comme « une importance culturelle et/ou naturelle tellement exceptionnelle qu’elle transcende les frontières nationales et qu’elle présente le même caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité. »

La VUE qui justifie la candidature du Siège d’Ègara à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO apparaît dans les considérations suivantes :

Il s’agit du complexe épiscopal le mieux conservé de l’architecture chrétienne d’époque wisigothe.
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Il s’agit du complexe épiscopal le mieux conservé de l’architecture chrétienne d’époque wisigothe.
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Complexe unique parmi les sièges épiscopaux anciens de la Méditerranée qui a conservé une décoration picturale
>Le site nous permet de savoir comment était la peinture byzantine
Il s’agit du complexe épiscopal le mieux conservé de l’architecture chrétienne d’époque wisigothe.
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Le site nous permet de savoir comment était la peinture byzantine
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Témoignage de l’incorporation de solutions provenant de l’architecture byzantine
Témoignage de l’incorporation de solutions provenant de l’architecture byzantine
Le retable mural de Sant Pere est un exemple unique dans le cadre de l’art chrétien occidental
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Le retable mural de Sant Pere est un exemple unique dans le cadre de l’art chrétien occidental

Critères

L’équipe de rédaction considère que la présente proposition de candidature remplit les critères suivants :

Critère II

Témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages.

Le complexe monumental du Siège d’Ègara et sa décoration picturale sont une pièce clé dans le contexte de transfert culturel qui se produisit entre l’Occident et l’Orient méditerranéen du Ve au VIIIe siècle.

À cette époque, la côte méditerranéenne d’Hispanie conjuguait la présence hispano-romaine, wisigothe et byzantine, ces deux dernières cultures étant très bien établies au sud de la péninsule ibérique et aux îles Baléares depuis l’an 552.

Par conséquent, le Siège d’Ègara est un monument essentiel pour comprendre le transfert entre différentes cultures qui se produisit notamment au VIe siècle : la population de culture hispano-romaine, le peuple wisigoth et l’Empire byzantin.

Des innovations architecturales comme le rehaussement du dôme de Sant Miquel (qui nous renvoie directement à des modèles de l’architecture byzantine), ainsi que les emprunts artistiques des peintures à l’Orient byzantin et l’Afrique du nord (mosaïque de la rotonde de Saint-Georges de Thessalonique, peintures du monastère d’Apollon d’El-Bawit), permettent de définir le complexe d’Ègara comme un témoignage unique et exceptionnel de l’échange entre cultures qui eut lieu dans la péninsule ibérique à cette période.

L’architecture du Siège d’Ègara et ses peintures sont par conséquent les restes les plus palpables de cet échange de contacts qui se produisit au VIe siècle entre les deux rives méditerranéennes. Un exemple singulier d’une culture particulière, la culture chrétienne du VIe siècle, dont n’a survécu qu’une série de Bibles produites en Orient (Constantinople, Syrie, Palestine), ainsi que quelques ensembles décoratifs d’Égypte (chapelle d’Apollon d’El Bawit, nécropole d’Al-Baqawat).

Critère III

Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle vivante ou disparue.

Le Siège d’Ègara et sa décoration picturale sont un témoignage unique de la rencontre de deux traditions culturelles : l’hispano-wisigothe et la byzantine.

Les liens que les peintures du Siège d’Ègara présentent avec les répertoires byzantins en font un document fondamental pour connaître les manifestations artistiques de la culture chrétienne au VIe siècle. Une pièce essentielle pour connaître les manifestations artistiques de la même époque au sein de l’Empire byzantin.

Malgré l’influence évidente de l’art de la civilisation byzantine sur certains éléments de l’architecture et la décoration picturale du Siège d’Ègara, nous ne pouvons oublier que l’ensemble épiscopal fut bâti à l’époque de la domination wisigothe de la péninsule ibérique. 

Nous connaissons certes d’importants exemples de l’architecture d’époque wisigothe dans la péninsule ibérique (San Pedro de la Nave, San Juan de Baños, Santa María de Quintanilla de las Viñas) mais il est important de souligner qu’aucune peinture murale de cette période n’est conservée dans un complexe épiscopal monumental, de sorte que le du Siège d’Ègara constitue également une manifestation unique et exceptionnelle de l’art du peuple hispano-wisigoth.

Critère IV

Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’un ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine.

De tous les sièges épiscopaux européens anciens occidentaux (Valence, Barcelone, Mérida, Aoste, Grenoble, Gênes, Porec), celui de Terrassa est le seul ensemble épiscopal conservé au monde à préserver des peintures murales. Il s’agit également d’un exemple extraordinaire des répertoires iconographiques chrétiens qui circulaient en Méditerranée entre le VIe et le VIIIe siècle.

Dans le domaine de l’architecture, l’universalité du Siège d’Ègara se fonde sur le rôle que l’ensemble exerce en tant que récepteur des modèles de l’architecture byzantine. En ce sens, le complexe bâti après avoir été désignée siège épiscopal en 450 peut être considéré comme un des premiers indices de l’arrivée à la péninsule ibérique de solutions architecturales appliquées dans la partie orientale de l’Empire. Le surhaussement des cimaises, les toitures en forme de dôme et l’emploi du plan centralisé de Sant Miquel nous renvoient au modèle des martyria byzantins.

Enfin, le retable mural de Sant Pere représente en soi un unicum au sein de l’histoire de l’art chrétien occidental de cette période, ce qui le rend particulièrement singulier et exceptionnel. Sa valeur la plus intrinsèque réside incontestablement dans la nature même de sa construction et dans sa fonction en tant que retable mural de l’abside de l’église paroissiale. Il s’agit d’une solution constructive originale et inédite en guise de « façade-écran », aucune œuvre n’étant comparable au niveau chronologique et fonctionnel, ni en Occident ni en Orient médiéval.